Friday, September 26, 2014

A la recherche du temps perdu et BBC Cook the Perfect


A la rentrée j'ai découvert une nouvelle émission de BBC Radio 4 : Cook the Perfect qui fait partie d'un de mes podcasts préférés (peut-être LE préféré) : Woman's Hour. Les chefs célèbres partagent les recettes de cuisine, leur savoir-faire, expliquent les techniques et les astuces de chaque plat. Il y a souvent des invités qui parlent de l'origine de noms ou de l'histoire du plat choisi. L'émission dure 8-10 minutes.

A la recherche du temps perdu était mentionné au sujet de MADELEINES (recette complète ici, je ne l'ai pas encore essayé à cause du manque de moule à madeleines). Marcel Proust les a immortalisé dans le premier volume du roman Du côté de chez Swann. La madeleine de Proust est devenue une métaphor qui fait allusion à ces petits actes, petits évènements, odeurs, sensations qui, brutalement, font ressurgir des tréfonds de notre mémoire de lointains souvenirs, souvent chargés d'émotion.

Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'éxistait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pas pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l'appréhender ?

Bonne lecture et bon appétit !

No comments:

Post a Comment